Salindres, du fret dans les broussailles
Cela fait maintenant 6 ans que la ligne reliant Alès a Bessèges est fermée au trafic voyageurs. Pourtant, un train de marchandises mensuel circule toujours sur cette ligne ! Après plusieurs suppressions, c'est par un beau jour d'août de la desserte a roulé.
Circulant assez tôt le mercredi, ce train se compose d’un ou deux wagons, tracté(s) par une BB 60000, ce qui donne une rame assez originale. Il dessert l’usine Solvay (produits chimiques) de Salindres et est le dernier trafic que la ligne peut encore voir, du moins pour l’instant. L’usine de Salindres possède un locotracteur Moyse afin d’effectuer les manœuvres.
Alors que le train n’avait pas circulé depuis deux mois, une circulation fut alors prévue un lundi. En ce matin d'août 2018, le petit locotracteur blanc et bleu de la firme Moyse est garé sur l’ITE de l’usine, déjà prêt au départ, moteur allumé, wagons attelés. Environ dix minutes après, le Moyse de la société Solvay part en poussant ses citernes vides pour les mettre en place sur la voie servant aux échanges de wagons. Le petit locotracteur franchit les aiguillages et laisse ses wagons vides sur une des voies. Le Moyse revient seul se garer sur l’ITE.
Les deux wagons vides sont placés sur le faisceau d’échange, afin de partir vers Nîmes, puis quelque part en Allemagne.
Le locotracteur revient se garer après avoir mis ses deux wagons sur une des voies marchandises de la gare.
Mais avant de voir un tran pointer le bout de son nez, il faudra attendre. Nous apprendrons plus tard via l’équipe du Moyse que le train devait arriver avec plus d’une heure de retard... Après plus de cinquante minutes, le train approche enfin. La BB 60022 et son wagon de produits chimiques entrent en gare ! Enfin autre chose de vert que les plantes... La BB 60000 s’arrête devant le BV afin que le conducteur puisse remplir quelques fiches de route, et part finalement vers le faisceau marchandises afin d’effectuer l’échange des wagons.
Arrêt en gare pour la BB 60022, où le mécanicien remplira quelques fiches de circulation.
La locomotive se place alors derrière les deux wagons mis en place plus d’une heure plus tôt par le petit locotracteur industriel. Les wagons vides sont donc accrochés à la locomotive, tandis que le Moyse se raccorde à l’unique wagon citerne amené depuis Nîmes. Après quelques vérifications et un peu d’attente, le locotracteur part finalement dans l’ITE et libère la voie. Le train peut alors repartir avec ses deux wagons vers Nîmes mais doit d’abord effectuer un arrêt en gare de Salindres. Puis le train repart, s'évanouissant en pleine nature, entre plantes et arbustes qui poussent… La place est libre, le Moyse peut alors manœuvrer son wagon et l’emmener dans l’usine.
Repartant loin de cette petite gare, les deux citernes disparaissent entre les herbes et arbustes s’étant formés depuis bien des années, du fait du quasi-abandon des emprises.
Un TER à destination d’Alès attend l’heure de départ à Bessèges, en 2009.
Si cette desserte est encore assurée par le rail, c’est bien parce que le produit transporté est interdit de passage par la route, sinon ce train ne circulerait plus aujourd’hui. Sur cette ligne, le trafic de marchandises, principalement du charbon était très important, mais de nombreuses mines et usines ont fermé dans les années 90 et les trains se sont faits plus rares. Il est difficile de croire que la ligne peut rouvrir au trafic voyageur, surtout quand l’on voit certaines zones où la végétation a repris ses droits, même en pleine gare… En attendant, l’on espère voir circuler pendant encore longtemps ce train qui est fort intéressant et qui circule sur une ligne qui l’est tout autant.
©Camille Train, sept. 2018