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De gare en ligne
31 août 2017

Clermont-St Chély : A l'assaut des Causses en BB 67400...

Le Fret ferroviaire perd du terrain depuis des années face à la route. Mais il existe certains trafics où le rail est le seul moyen de transport possible... Peu nombreux mais bien présents, partons aujourd'hui à la découverte de l'un d'eux, le Clermont-St Chély, l'un des dernier train de fret assuré en BB 67400.

La rame entière entre en gare de Neussargues au terme d'une longue ascension aux alentours de 8h30. Les BB 67400 donneront de leur puissance jusqu'au bout. (28 août)

Il est sans conteste l'une des "star" des trains français pour les passionnés : par la mythique ligne des Causses, le train de coils (rouleaux de tôle) Clermont-St Chély d'Apcher approvisionne l'usine ArcelorMittal du même village trois fois par semaine. Une tâche ardue, où le profil de la ligne n'aide pas le train... Mais le rail est le seul moyen de transport possible pour acheminer les bobines pesant pour les plus lourdes 36 tonnes. Un train entier représente un peu moins de 20 wagons, chargé en moyenne de 3 coils : chaque wagon pèse donc près de 90 tonnes. Au final, une rame complète chargée affiche une masse de près de 1800 tonnes !

Contre jour sur le viaduc de Garabit, le 28 août.

Un parcours difficile...

L'unique trafic fret de la ligne des Causses ne tient donc pas du seul wagon isolé ou de la rame légère. Sans ce train de coils, la partie nord serait sans doute déjà morte ! Les BB 67400 de Nevers ont la tâche dure : elles acheminent la rame complète de Clermont Ferrand à Neussargues où les rampes permettent l'acheminement des 1800 tonnes sans problèmes, même si les BB 67400 sont exploitées à pleine puissance. A Neussargues, gare terminus de la ligne venant de Béziers, la rame est coupée en deux parties. Le tonnage descend alors à près de 900 tonnes. Une coupure rendue obligatoire par la plus sévère rampe du trajet, située à la sortie de la gare de Neussargues et permettant à la ligne de grimper sur le plateau de Talizat : les 33 pour mille (33 m par kilomètres) sont atteints, et même avec une demi-rame, les locomotives sont utilisées à la limite de leur puissance. Les 4800 ch cumulés par les deux diesels ne sont pas de trop !

La photo ne permet pas de restituer l'ambiance générale dans sa totalité !  Car depuis au moins cinq minutes, le sourd grondement des moteurs résonnent dans la vallée. Le train avance péniblement dans la rampe de 33 pour mille, ici à Séverac. Les deux 67400 crachent toute leur puissance, et le sourd grondement est devenu assourdissant... (29 août)

Alors que les BB 67400 utilisées pour les Intercités et TER sont lessivées par les démarrages intempestifs et nombreux, notamment en tête des RRR, et par le manque d'entretien, la flotte Fret doit être absolument bien entretenue. Aujourd'hui, une BB 67400 ayant passé une grosse partie de sa vie en tête de TER ne possède plus la même puissance qu'une BB 67400 Fret...

La demi-rame amorce sa descente, sur le plateau de Talizat (29 août).

Après avoir affronté la rampe menant la ligne sur le plateau de Talizat, le tracé est moins sévère jusqu'à St Chély d'Apcher. Le train emprunte notamment le célèbre viaduc de Garabit franchissant la Truyère, mis en service en 1888 sous la direction de Gustave Eiffel.

Photo mythique du célèbre viaduc, qu'emprunte la demi-rame du matin le 28 août.

A St Chély, la présence de l'EP de l'usine ArcelorMittal donne lieu à de nombreuses manoeuvres : lors de la première rotation du matin, les deux BB 67400 refoulent la rame sur l'une des voies de garage de la gare et repartent HLP sur Neussargues. Le Y 8000 prend alors en charge la rame pleine pour la décharger à l'EP de l'usine. Dans l'après-midi, la seconde demi-rame arrive. Les deux BB 67400 vont s'atteler à la rame vide composée de la demi-rame du matin et de celle de la veille, tandis que le locotracteur emmènera à décharger la demi-rame pleine. La rame vide est enfin acheminée jusqu'à Clermont-Ferrand où elle arrivera de nuit.

St Chély d'Apcher. L'UM de BB 67400 vient d'arriver avec sa demi-rame pleine de l'après-midi, le 29 août.

Sur fond de l'usine ArcelorMittal, l'UM BB 67503+579 prend en charge la rame vide pour la ramener sur Clermont-Ferrand. (29 août)

Le seul et unique trafic fret de la ligne des Causses n'est donc pas moindre, et même plus important que le seul trafic voyageurs entre St Chély et Neussargues, représenté par l'Aubrac Béziers-Clermont Ferrand.

...et durable

A l'avenir, le train de coils n'est pas menacé, et il fait même vivre la ligne. L'usine ArcelorMittal, fabriquant du métal spécial pour les moteurs électriques, turbines, etc, a augmenté sa production et les besoins sont grandissant. Les BB 67400 gardent le monopole après un bref passage des BB 75000 sur la relation. D'une puissance équivauque, elles ont été cependant interdites à cause de leur agressivité sur la voie faiblement armée en rails DC qui équipe encore certaines sections de la ligne.

Dans les lacets de la Borie, peu avant St Chély (28 août).

Dans les années 2000 et à la fin du siècle dernier, les CC 72000 assuraient également ce train mais leurs bogies étant eux aussi trop agressifs, elles ont été interdites. Les BB 66000 connurent elles aussi ce train, mais leur puissance les limitait à ne tracter que de courtes rames. Depuis, les BB 67400 sont toujours là, et pour longtemps encore. Avec la disparition des rames tractées, la flotte fret de Nevers envisage de récupérer des locomotives issues des activités TER et IC, ce qui offrera aux photographes un beau panachage de livrées.

Le Massif Central est un pays à vaches ! Mais cette Aubrac a l'air de préférer l'herbe aux trains... La demi-rame de l'après-midi, bien chargée, approche de St Chély d'Apcher le 28 août.

Mais il arrivera bien un jour où les BB 67400 ne seront plus au niveau. Il va falloir alors sans doute chercher du côté des productions étrangères et utilisées aujourd'hui par bon nombre d'entreprises privées en France : peut-être les Class 66, 77 (3000ch) ? Les € 4000 Vossloh (4230ch) ? Ou bien un futur type de locomotives ? Seul l'avenir le dira...

La longue rame vide entre en gare de Neussargues sous les derniers rayons du soleil, dans une gare bien vide ! (28 août)

Retrouvez le train de coils en vidéos !

A l'assaut des Causses en BB 67400

©Ferrovi11, septembre 2017, photos, 28-29 août 2017

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Commentaires
P
Très belle vidéo. merci
E
Merci pour votre réponse!
E
Bonjour, superbe vidéo!<br /> <br /> Mais je me pose une question et je n'ai pas la réponse! Pourquoi à partir de St Chely la traction n'est pas reprise en électrique, comme c'était le cas pour l'aubrac, d'autant plus qu'il y'a de toute façon des manœuvres pour effectuer une demi rame?<br /> <br /> Longeu vie à la ligne des Causses!
S
bonjour , je suis le conducteur du matin que vous avez filmé et photographié dans votre reportage ; c'est très bien fait parfait ; juste une chose la rampe n'est pas celle de SEVERAC mais Talizat ;Severac c'est plus loin sur la ligne ou ne passons d'ailleurs pas avec le fret . a bientot sur nos lignes
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